Précis historique sur la condition des femmes en Afghanistan

histoire

Dates marquantes dans la vie des femmes d’Afghanistan au XX° siècle
L’Afghanistan est un pays à 90% rural, à la géographie physique très contrastée ; situé à un carrefour de civilisations, aryenne, gréco-bactrienne, bouddhique…avant de devenir petit à petit musulman à 98%, les dernières régions converties à l’Islam l’ayant été au début du XXème siècle, il fut au cours des siècles le centre de plusieurs grandes dynasties de l’Asie centrale.

L’Afghanistan est un pays à 90% rural, à la géographie physique très contrastée ; situé à un carrefour de civilisations, aryenne,  gréco-bactrienne, bouddhique…avant de devenir petit à petit musulman à 98%, les dernières régions converties à l’Islam l’ayant été au début du XXème siècle, il fut au cours des siècles le centre de  plusieurs grandes dynasties de l’Asie centrale.
Ses habitants sont de culture rurale turque, mongole, tadjike, persane, pachtoune nomade récemment sédentarisée, et citadine depuis plusieurs millénaires. La langue véhiculaire de toutes les ethnies est le persan-dari qui est aussi la langue du savoir, de l’administration et du bazar ; la deuxième langue officielle du pays est le pachtou, parlé par les populations du sud.

L’émancipation des femmes de manière moderne a commencé dans les années       vingt avec l’avènement du Roi Amanullah. Mais un livre de biographies de femmes du XIX° siècle, écrit par Mme.Maga au début du XX°siècle, cite les noms d’innombrables femmes savantes dans différents domaines, poésie, calligraphie, musique… issues des écoles traditionnelles privées ou éduquées par des précepteurs privés, dont certaines sont  devenues ensuite membres des associations féminines et professeurs dans les écoles de filles.

– 1919 : Dès l’indépendance, autour du jeune roi Amanullah, la 1ère association féminine de soutien aux femmes afghanes, « Etehâdiayé-Emâyat-i-Zanan » compte environ 50 membres.
Plus tard , Madame Cobra constitue un comité qui porte son nom,
« Comité-yé-Cobra », comité d’émancipation des femmes, qui
rassemble 22 membres.

1ère école moderne de filles « Mastourat » ; démarrant avec 50 élèves, elle passera peu après à 800 élèves.
Participation des femmes dans la sphère industrielle comme
ouvrières ou directrices d’usine.

– 1921 : -1er magazine hebdomadaire féminin « Ershad-e-Naswan » qui dépendait de l’Association de Soutien aux femmes d’Afghanistan ; il soulevait les problèmes des femmes de l’époque, encourageait leur participation dans la sphère publique et politique, et donnait les nouvelles féminines au niveau international.
-Création du 1° hôpital pour les femmes, une maternité, et de la 1°
école d’infirmières et de sages-femmes.

– 1923 :  1ère femmes élues à la « Majless-i-Bozorg » (Assemblée Nationale) qui comprendra 12 femmes.

–  1924 : Révolte des religieux rétrogrades contre l’émancipation des femmes et leur volonté de porter des vêtements plus modernes . Le port du voile ou du chadri restait un problème au sein des associations ; pourtant son obligation n’est citée nulle part.
La révolte est matée par l’état.

– 1928 :-Réformes gouvernementales .
Concernant la demande d’émancipation des femmes :  liberté vestimentaire,  liberté de mouvement.
L’âge du mariage était fixé à 18 ans minimum, la polygamie et le mariage temporaire interdit.
Ouverture d’écoles modernes dans tous les départements, scolarisation obligatoire pour les garçons et les filles.

– Les 1ère bachelières partent en Turquie faire leurs études supérieures.

 1929 : Les Anglais considérant le Roi Amamullah comme une menace contre leurs intérêts dans la région, encouragent la révolte
de religieux opposés à la transformation trop rapide de la société, en manipulant la révolte d’un opposant du nom d’Habibullah, ce qui aboutit à la chute du roi Amanullah.
L’espace public conquis par les femmes est alors stoppé, avant d’être réoccupé petit à petit

– 1931 : Une école de filles est réouverte à l’intérieur du palais royal

– 1933 : Réouverture officielle de l’école de filles « Mastourat » par le ministère de la santé publique, dans le but de former des
infirmières.
Pour apaiser les  religieux, les élèves s’y rendent voilées du chadri.

 1934 : Ouverture du lycée de filles « Anderabi » à l’origine des futurs lycées Malalai et Zarghouna. A partir de cette date, les lycées de filles se multiplient dans la capitale et les villes de province.
– 1947 : Ouverture de l’Université aux filles.

– 1959 : Proclamation de l’émancipation des femmes ; officiellement, elles ont le droit de ne pas porter le voile ou le chadri, bien qu’aucun décret n’ait jamais imposé le port du voile ou du chadri. Quiconque contraignait une femme à porter ou non le voile était punissable par la loi.

1963 : En préparation à l’avènement de la monarchie constitutionnelle, 6 femmes participent à la rédaction de la constitution.

1964 : La 1° Constitution de l’Afghanistan rend la Monarchie  Constitutionnelle :
-Droit de vote pour hommes et femmes
-Quatre femmes élues au suffrage universel à la 1° Assemblée Nationale
-Egalité des hommes et des femmes devant la loi
-Scolarisation obligatoire pour tous les enfants, filles et garçons
(Multiplication des écoles et lycées dans chaque département. Mais jusque dans les années 1980, par manque de moyens et aussi de
volonté politique, cet article est resté loin d’être appliqué sur la totalité du territoire)

 1965 : 1ère femme Ministre au Ministère de la Santé
1978 marque l’arrivée d’un gouvernement pro-soviétique, et fin 1979 l’Armée rouge envahit l’Afghanistan. Les 20 années de guerre qui suivront
transformeront la société afghane dans son ensemble, et l’évolution des femmes en particulier.

De 1979 au retrait de l’armée rouge en 1989, 70% du territoire est détruit, 5 millions d’habitants sont réfugiés à l’étranger, la totalité de la population est déplacée à l’intérieur, le pays est entièrement miné.
L’insécurité, les dangers dus à la guerre et la montée de l’islamisme dù à une volonté politique  de la part des pays occidentaux ou à la difficulté de la vie quotidienne, ont énormément limité la liberté des femmes, et pour la première fois le port du chadri apparaît dans les zones rurales.

A la même époque, les villes sous contrôle du gouvernement pro-soviétique connaissent un essor différent. Le nombre de citadins double, le pourcentage des femmes augmente avec la mort, l’exil, et la conscription obligatoire des hommes ; de plus, le système de gouvernement démocratique favorise l’émancipation des femmes dans tous les domaines, les femmes peuvent exercer tous les métiers, même dans l’armée.

De 1992 à 1996, la dislocation de l’URSS, et la prise de Kaboul par les Moudjahidins sont la cause d’une guerre civile entre différents groupes armés, soutenus par différents pouvoirs étrangers, en particulier par le Pakistan. Les combats amènent la fuite d’une grande partie de la population de la capitale, et la limitation de la liberté de ceux qui y restent.
Mais les femmes occupent toujours la majorité des emplois dans l’éducation, la santé et l’administration, et ne subissent aucune limitation dans leurs domaines de travail.
L’enseignement des filles et des garçons est encouragé. Malheureusement, Gulbudin Hekmatyar soutenu par le Pakistan continuait à pilonner et à détruire Kaboul, sans réussir à la conquérir. Il est alors lâché par le Pakistan qui crée à sa place une nouvelle force militaire sous le nom de « Talibans », c’est-à-dire  « Etudiants en Religion ».

 Quelques photos d’avant la guerre