Alors que les talibans concentrent leur répression sur les femmes, celles ci organisent la désobéissance. PHOTO afp
La Marseillaise

Le dernier coup en date fut asséné fin juillet, avec l’annonce par les talibans de la fermeture des salons de beauté. Quelques femmes ont tenté de s’y opposer, en organisant des rassemblements rapidement réprimés. Interdites d’apprendre, de travailler, de s’apprêter, obligées de se taire et de se cacher... Depuis la prise de Kaboul le 15 août 2021, les talibans tentent d’effacer les femmes de l’espace public.

Le mouvement de résistance est jeune et diversifié, et bien qu'il soit dispersé, il est courageux et optimiste et gagne en force. Les femmes dirigeront la résistance pacifique en Afghanistan. Comme une jeune femme s'est exclamée avec passion dans une vidéo quelques jours seulement après la prise du pouvoir par les talibans : « Nous n'avons pas peur de la mort ; nous sommes une génération immortelle. Nous [ferons] fleurir la liberté. Ses paroles sonnent juste aujourd'hui.

En ce deuxième anniversaire du retour au pouvoir des talibans, des rapports récents provenant des provinces afghanes indiquent que les responsables talibans locaux exigent que les filles de plus de 10 ans ne soient pas autorisées à fréquenter l'école primaire. Les récits démontrent que les talibans rejettent la pression internationale pour inverser - ou même atténuer - leur répression des femmes et des filles. En fait, les talibans redoublent d'efforts – les filles avaient déjà été exclues de l'enseignement secondaire après l'âge de 13 ans. Maintenant, la répression s'intensifie.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, dans son dix-septième rapport du Secrétaire général sur la menace posée par Daech à la paix et à la sécurité internationales, a déclaré que les États membres de la région ont signalé que les armes de calibre de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord généralement associées à l'ancien système afghan de défense et de sécurité nationales Des forces ont été transférées à Daech Khurasan par des groupes affiliés aux « talibans et à Al-Qaida, tels que Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP) et le Mouvement islamique du Turkestan oriental, également connu sous le nom de Parti islamique du Turkestan (ETIM/TIP) ».

Le présent rapport est le dix-septième de ce type. Il a été établi par l'Équipe d'appui analytique et de surveillance des sanctions conformément aux résolutions 1526 (2004) et 2253 (2015) concernant l'EIIL (Daech), Al-Qaida et les Taliban et les personnes et entités associées, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de lutte contre le terrorisme, en étroite collaboration avec d'autres entités du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme des Nations Unies.

Ignorer les problèmes et les défis en Afghanistan dans les années 1990 a planté le germe des attentats terroristes du 11 septembre. Cette leçon doit être apprise. Bien que les décideurs américains puissent avoir une «fatigue afghane», ce n'est pas une excuse pour ne pas avoir de politique.

Au lieu de pourparlers inutiles avec les talibans, les États-Unis devraient travailler avec des partenaires internationaux et régionaux pour développer une stratégie globale et cohérente pour le pays avant qu'il ne soit trop tard.

Il y a d'énormes défis dans la construction d'une piste différente. L'Afghanistan non taliban est déchiré par des conflits ethniques et politiques - 40 ans de conflit ont laissé beaucoup de travail inachevé. Mais l'ancienne députée, Fawzia Koofi , dit que se concentrer sur la division passe à côté de l'essentiel. "Il se pourrait que ce soient les talibans qui soient divisés", dit-elle, "alors que nous sommes en réalité plus unis qu'on ne le pense".

Il existe un très large consensus sur la nécessité de protéger les droits des femmes et de s'opposer aux talibans. Mais forger un nouvel Afghanistan ne se fera pas sans argent ni soutien pour se rencontrer et offrir un avenir différent de ce qui est actuellement proposé.

La lutte des Afghans pour un Afghanistan meilleur implique de se dresser contre la brutalité d'un ennemi redoutable, mais aussi de supporter l'amnésie sélective d'amis en retrait

À Kaboul, M. Wahdat et M. Malang ont exprimé un sentiment de devoir non rempli après avoir atteint l'âge de combattre, juste au moment où la guerre pour laquelle ils s'entraînaient touchait à sa fin.
Maintenant, disaient-ils, ils étaient déterminés à ne pas laisser passer leurs rêves de martyre. « Partout où les musulmans sont en difficulté, nous devons les aider », a déclaré M. Malang. « Comme la Palestine et le Myanmar. »
M. Wahdat a ajouté: « Même en Amérique. »

Les États-Unis devraient maintenir la coalition internationale consistant à suspendre la normalisation complète des liens avec les talibans et d'autres sanctions liées au terrorisme jusqu'à ce qu'il y ait des preuves démontrables que les groupes terroristes se voient refuser un refuge sûr en Afghanistan. Pour renforcer la position au-delà de l'horizon, les États-Unis devraient renforcer les capacités d'analyse du renseignement spécifiques à la lutte contre le terrorisme, composées d'analystes, de linguistes et d'agents de filtrage à la disposition de l'armée, tout en élargissant le programme Rewards for Justice pour générer des pistes . Le paysage terroriste en Afghanistan reste très incertain et dynamique, nécessitant une grande vigilance.