DOSSIER : Aghanistan, un an déjà
« Un désastre et une trahison » …
… C’est en ces termes, on ne peut plus sévères, que le 24 mai dernier, un rapport parlementaire britannique a qualifié la façon dont la Grande-Bretagne avait géré l’évacuation d’Afghanistan.
Il y a un an, au moment du retrait des troupes américaines, alors que les talibans étaient aux portes de Kaboul, nombre d’Afghans qui avaient soutenu la mission britannique ont été abandonnés du jour au lendemain, comme des chiens sur le bord d’une autoroute. Et encore, les animaux ont été mieux traités. Le rapport s’interroge ainsi sur la priorité donnée à une association animale, évacuant dans l’urgence chiens et chats, quand certains habitants restaient, eux, sur le carreau, aux mains des talibans.
En Grande-Bretagne ce rapport a fait des vagues et le président de la commission des Affaires étrangères s’est ouvertement indigné. De son côté, la France n’a pas jugé bon de se plier à cet exercice de transparence. L’évacuation d’anciens employés afghans ayant travaillé pour la France s’est faite au compte-gouttes. Des visa ont été accordés puis refusés et vice-versa, selon le bon vouloir d’autorités qui semblent changer d’avis comme de chemise. Ce flou mériterait amplement d’être qualifié de « trahison et de désastre », tant ceux que nous avons laissés tomber sont aujourd’hui en danger.
Ces Afghans abandonnés nous les avons rencontrés, dans le plus grand secret, à Kaboul. Leur histoire, au cœur de notre dossier ce mois-ci, est aussi celle de notre pays.
Virginie Roels - Rédactrice en chef de La Chronique, le magazine d’Amnesty International France