Note sur la situation en Afghanistan par Shoukria Haidar

Voici comment nous entrons dans l’année 2020 ((déjà presque 20 ans)) :

En 2001, le régime Taliban dans lequel les femmes n’avaient aucun droit s’est effondré.

Depuis, une nouvelle constitution :
La reconnaissance de l’égalité des droits des hommes et des femmes (article 22)
La présence d’environ 30% de femmes dans toutes les assemblées ;
La participation d’un nombre significatif de femmes dans les postes politiques, décisionnels, et dans tous les processus qui s’engagent pour la paix…
De même, les écoles pour filles et garçons sont ouvertes sur tout le territoire et accueillent environ 9 millions d’enfants dont 45% de filles.
Les études supérieures sont accessibles aussi sur tout le territoire, dans tous les départements, pour les filles et les garçons.
Les femmes gagnent de plus en plus de terrain dans différents espaces de vie par le biais de leur travail, de leur persévérance, et de leur volonté, et la volonté de leurs familles et de la société.

La situation politique se dégrade à partir de 2010, date à laquelle le gouvernement britannique organise la Conférence de Londres, avec des représentants politiques de 70 pays, et les Talibans, et où Karzai présente un plan de processus de paix avec les Talibans. C’était la 1ère reconnaissance officielle internationale des Talibans.
En décembre 2011, la Conférence de Bonn 2 veut présenter la situation en Afghanistan après 10 ans.
Il y avait une ombre de volonté de faire venir les Talibans officieusement à cette conférence et de les faire participer. La manifestation de la résistance de la société afghane à travers le monde a alors réussi à repousser cette menace.
Depuis, la situation sécuritaire et militaire n’a cessé de se dégrader d’année en année. En conséquence, la vie en général va de pire en pire.

Ces 5 dernières années, après l’échec des élections présidentielles de 2014, et la formation du gouvernement de coalition avec l’aide des USA, le basculement dans l’insécurité est conséquent. Les violences et les affrontements s’étendent dans la majorité des départements qui, auparavant vivaient dans la sécurité et la paix.
Ajoutons l’accentuation des problèmes ethniques et linguistiques pour mieux mettre la pagaille au sein de la société. Une branche très puissante à haut niveau du gouvernement est mêlée à cette affaire et s’appuie sur l’aide des Talibans et de Daech.

Ces 5 dernières années ont été les plus meurtrières au sein des forces armées et de la population civile.
Le rapprochement avec les Talibans, le processus de paix sans condition avec les Talibans de la part du gouvernement afghan ou américain, la libération ininterrompue des condamnés Talibans et Daech des prisons, et le soutien des politiques internationales à ce projet met la population dans une insécurité aggravée et paralyse la vie quotidienne, ce qui a provoqué, il y a environ un an, l’exode de centaines de milliers de personnes vers l’Europe, ce qui continue encore.

Les élections législatives de 2018 et présidentielles de 2019 se sont passées comme des mascarades, et jusqu’à maintenant, on n’a pas de résultats. Les populations ont bien participé à ces élections, malgré une situation sécuritaire très difficile. Un an après les législatives et 3 mois après les présidentielles, nous n’avons pas encore les résultats réels. On se moque du vote des gens, ce qui met la société du point de vue stabilité politique dans un abîme.
On cherche à faire sortir les résultats souhaités par certains, dans une colère et une révolte généralisée.

A cela s’ajoute malheureusement le contexte politique régional très perturbé du Moyen-Orient, et les conflits internationaux, ce qui ne permet pas la sortie de cette situation.
Les populations ne voient pas la fin du tunnel.
Mais malgré tout cela, la vie continue. Les gens ne sont pas désespérés et, avec toute leur force et leur courage, vont de l’avant.