COMMUNIQUE DE PRESSE DE NEGAR, soutien aux femmes d’Afghanistan

POURPARLERS D’OSLO 23 janvier 2022

 

LA RECONNAISSANCE  DES TALIBANS

=

NON – RECONNAISSANCE DES DROITS DES FEMMES,

NON – RECONNAISSANCE DES DROITS HUMAINS,

DU DROIT A LA LIBERTÉ, DU DROIT DE PAROLE …

 EN AFGHANISTAN

 

  • 15 août 2021, les talibans soutenus par le Pakistan entrent dans Kaboul.
  • 31 août, les Etats-Unis quittent l’Afghanistan. Des milliers d’afghan.es menacé.es fuient leur pays.
  • Aucun pays n’a reconnu depuis les milices terroristes fondamentalistes talibanes au pouvoir en malgré leurs promesses de changement.

Partout dans le monde s’est développé un mouvement de solidarité avec le peuple afghan. Partout les féministes relaient la parole des femmes afghanes, suppliant de ne pas les oublier et de ne surtout pas reconnaître les talibans.

Pourtant, du 23 au 25 janvier 2022, une délégation des fondamentalistes islamistes au pouvoir à Kaboul sera accueillie à Oslo par la cheffe de la diplomatie norvégienne, Anniken Huitfeldt, pour une rencontre avec les représentants des États-Unis, de la France, du Royaume Uni, de l’Allemagne, de l’Italie, mais aussi avec des représentants de la société civile afghane en exil.

L’objet de l’invitation de la Norvège « devant le désastre humanitaire de grande ampleur auquel l’Afghanistan doit faire face », est d’engager le dialogue avec les talibans dit Madame Huitfeldt qui assure que ces rencontres « ne constituent pas une légitimation ou une reconnaissance des talibans ». Cependant, comme l’analyse le porte-parole taliban, « cette visite ouvrira la voie à des discussions, réunions et accords avec les pays de l’Union européenne ».

Le processus sera donc en marche.

Ainsi, la diplomatie européenne se laisse enfermer dans l’alternative des talibans :  sauver le peuple afghan de la famine – qui n’est due qu’à leur incompétence et à leur barbarie -, et reconnaître leur pouvoir. Où se situe dans ce contrat la sauvegarde des droits des femmes ?

Instruits par l’expérience des années de plomb (1996-2001), les Afghans et les Afghanes qui depuis 20 ans ont dû faire face aux attentats incessants perpétrés par ces mêmes talibans, savent ce que l’on peut attendre de la barbarie des milices fondamentalistes talibanes. Les pays d’Europe et de l’occident ne l’ignorent pas.

Les promesses de ces talibans prétendument « modernisés » en faveur des femmes n’auront pas tenu 6 mois. Toutes les régressions de la période des « années de plomb » sont de retour et le processus de talibanisation s’est aggravé.  

Après avoir recréé le funeste ministère de la promotion de la vertu et de la répression du vice, ils imposent par la brutalité et les violences les mêmes interdits pour les femmes: interdiction de travailler, d’aller à l’école ou à l’université, de se déplacer seule, de jouer de la musique, de faire du sport, de dessiner… Chaque jour une nouvelle interdiction surgit, dans tel département, interdiction de se rendre au hammam pour les femmes, dans tel autre, pour les salariées des ONG, obligation de porter le tchadri et d’être accompagnée d’un homme, interdiction de prendre le bus ou un taxi. Chaque jour, des militantes féministes sont arrêtées, enlevées, emprisonnées, ou disparaissent.

Des milliers de petits films, de reportages, de témoignages arrivent tous les jours de Kaboul et des départements d’Afghanistan pour en témoigner.

« Notre voix est notre arme. » disent les femmes afghanes

Comment, la Norvège, qui dans le passé s’est illustrée d’une manière si admirable par la résistance passive de son peuple tout entier contre l’occupant nazi en 1940, peut-elle prêter la main aux milices terroristes fondamentalistes talibanes qui enferment, humilient, violentent et tuent les femmes ?

Comment peut-elle, par l’initiative de cette rencontre, en légitimant ce groupe terroriste qui s’est emparé par les armes de l’Afghanistan, conduire les femmes afghanes à la détresse et plonger la résistance afghane dans l’incompréhension?

N’attendons-nous pas au contraire de l’Europe et des pays occidentaux qu’ils se lèvent ensemble contre une milice terroriste fondamentaliste, antidémocratique, barbare et totalitaire ? Pour les Afghans et les Afghanes d’abord, mais aussi pour l’Europe et le monde car l’Afghanistan entre les mains des talibans, c’est la promesse de l’instabilité à l’échelle internationale, c’est l’insécurité et la violence généralisées.

Forte de l’expérience de son combat contre les forces talibanes, qui n’a jamais cessé depuis 1996, y compris durant les années de la reconstruction (2001-2021), NEGAR-Soutien aux femmes d’Afghanistan interpelle la communauté européenne dans son ensemble, politiques, gouvernements et société civile, et l’adjure d’ouvrir les yeux et de voir que cette initiative diplomatique qui a pour objet charitable de résoudre le désastre humanitaire en Afghanistan, ne fera que l’accroître en renforçant le pouvoir des milices terroristes talibanes.

Bien entendu les talibans ne respecteront aucune de leurs promesses. Bien entendu les fonds seront détournés pour parachever le malheur des afghans. Bien entendu le sort des femmes et de la population d’Afghanistan ne s’améliorera pas.

 

Dire OUI à la reconnaissance des taliban = Dire NON à la reconnaissance des droits des femmes, à la démocratie, à la liberté, aux droits de l’homme…

Premier·es signataires :

Elisabeth BADINTER, philosophe et femme de lettres ; Danielle BOUSQUET, Présidente du CNIDFF, ancienne vice-présidente de l’Assemblée Nationale ; Marie-George BUFFET, députée de Seine-Saint Denis, ancienne ministre ; Marie-Arlette CARLOTTI, sénatrice des Bouches-du-Rhône, ancienne ministre ; Elizabeth CAZAUX-LAGROLET, cheffe d’entreprise; Chahla CHAFIQ, écrivaine et sociologue ; Laurence COHEN, sénatrice du Val-de-Marne ; Catherine COUTELLE, présidente de l’association des anciennes députées, présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale (2012-2017); Patricia LALONDE, ancienne députée européenne ; Laurence ROSSIGNOL, vice-présidente du sénat, sénatrice de l’Oise, présidente de l’Assemblée des Femmes,  ancienne ministre ; Martine STORTI, professeure de philosophie, militante féministe et journaliste ; Olivier WEBER, écrivain, grand reporter, ancien correspondant de guerre, ambassadeur de France itinérant (2008-2013).

https://www.negar-afghanwomen.org

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