Shoukria HAIDAR, présidente de NEGAR lauréate du Prix 2014 de la Laïcité

Une femme afghane, un chef d’entreprise français et deux philosophes, lauréats du Prix 2014 de la Laïcité
– 27 octobre

Une militante afghane, un chef d’entreprise français et deux philosophes sont les lauréats de la 9e édition du Prix de la Laïcité, décerné ce lundi 27 octobre 2014 à la Mairie de Paris, en présence de la Maire de Paris, Mme Anne Hidalgo, du Président du jury, Jean Glavany, député et ancien ministre, et de Patrick Kessel, Président du Comité Laïcité République, organisateur de la manifestation.

Le « Grand Prix international » a été attribué à Mme Shoukria Haïdar, présidente de l’association NEGAR de soutien aux femmes afghanes, défenseure de la laïcité, de l’égalité entre hommes et femmes, de l’éducation pour tous, et en particulier des filles, et des droits des femmes.

 

Yvette Roudy et Shoukria Haïdar le  8.11.2014yVETTE ROUDY ET SHOUKRIA HAIDAR LE 8 NOVEMBRE 2014

SHOUKRIA HAÏDAR
Discours lors de la remise du Prix International Laïcité
Décerné par le Comité Laïcité- République,
Hôtel de Ville de Paris
27 octobre 2014
Madame la Maire,
Mesdames, Messieurs,
Mes chèr-e-s ami-e-s,

Bonjour,
Je remercie Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris, M. Patrick Kessel, Président du
Comité Laïcité-République et les membres du jury du Prix Laïcité- République qui
m’ont fait l’honneur de m’inviter aujourd’hui et de m’attribuer le Prix International
de la Laïcité.
Je vais tout d’abord tenter d’exprimer ici le sens de mon engagement, puis je dirai où,
dans ce parcours qui est le mien, j’ai rencontré la laïcité, et quel espoir je mets en elle.
Mon engagement a commencé en 1996 lorsque j’ai appris que les talibans avaient pris
Kaboul. J’étais alors en France. J’en ai été bouleversée, parce que je connaissais les
taliban, je savais de quoi ils étaient capables, et ce que cela voulait dire. Personne ne
savait cela en France, ce qui est normal. C’était à moi de le faire comprendre aux
français. Si je ne le faisais pas, si je restais inactive, si je ne le dénonçais pas, cette
passivité faisait de moi une collaboratrice des taliban. Je me sentais dans l’obligation
absolue de le faire.
Cela a été le moment le plus douloureux de ma vie.


Dans cette circonstance terrible, je ne savais pas vers qui me tourner : je ne savais rien
de l’organisation institutionnelle de la France, ni des associations de défense des
Droits des Femmes, ni des instances de défense des Droits Humains. Je ne savais pas
à quelle porte frapper, ni où, ni à qui m’adresser.
J’ai alors rencontré une journaliste française ; elle m’a dirigée vers l’Union des
Femmes françaises qui était en train de préparer pour la semaine suivante un
Congrès International des Femmes à la Plaine Saint-Denis. La présidente de l’Union
des Femmes Françaises, Sylvie Jan, après m’avoir entendue, m’a accordé 2 minutes
de temps de parole à l’ouverture du Congrès pour dire ce qui se passait à Kaboul.
En quoi était-il impossible d’accepter le pouvoir des taliban ? Pour la 1ère fois dans
l’histoire de l’Afghanistan, la totalité des droits des femmes était éradiquée par
décrets officiels : le droit de travailler, de se soigner, de sortir de chez elles, de porter
des vêtements blancs, l’obligation leur était faite de porter le tchadri. Pour l’ensemble
de la population, il était désormais interdit d’écouter de la musique, d’aller au
cinéma, les hommes étaient obligés de porter la barbe. C’était inacceptable !
Déjà trois états (l’Arabie Saoudite, le Pakistan et les États Arabes Unis) avaient
reconnu l’État taliban. L’Europe s’apprêtait à suivre. Il fallait absolument empêcher
cela.
Dans ce Congrès, il y avait de très nombreuses femmes militantes ainsi que des
responsables politiques venues du monde entier, dont certaines étaient très connues.
Ma brève intervention a été accueillie très chaleureusement : elles se sont levées et
ont applaudi de longues minutes ma prise de parole. Parmi elles, se trouvaient
Yvette Roudy, ancienne ministre des droits de la femme de François Mitterrand,
Marie-Georges Buffet, Antoinette Fouques, Danièle Mitterrand et Ségolène Royal…et
tant d’autres qui sont venues me voir.
Ce Congrès des féministes mondiales a permis de gagner beaucoup de temps.
Yvette Roudy, alors députée du Calvados, m’a demandé ce jour-là de lui faire une
note sur la situation de péril de l’Afghanistan. Je lui ai remis un rapport de 17 pages,
sur lequel elle s’est appuyée, en commission à l’Assemblée Nationale, en ma
présence, pour évoquer la situation de l’Afghanistan.
Par la suite, de 1996 à 2001, j’ai appris à connaître, au fil des années et de rencontres
multiples, l’existence et l’importance du mouvement féministe en France et dans le
monde. J’ai également rencontré les mouvements qui défendent les Droits Humains : 3
Amnesty International, La Ligue des Droits de l’Homme, les syndicats – dont les
syndicats enseignants – les partis politiques, les loges féminines franc-maçonnes, le
Parlement et les institutions européennes, les diverses instances des Nations Unies.
Partout, j’ai été invitée à témoigner.
J’ai appris ce qu’était la laïcité d’Etat, et les bienfaits de la laïcité, telle qu’elle a été
mise en place en France.
Dans la même période, j’ai été reçue par les sept femmes ministres du gouvernement
de Lionel Jospin qui ont fait bloc pour apporter leur soutien à NEGAR.
Puis Lionel Jospin, lui-même, m’a invitée dans son bureau, à Matignon.
« Je vous rassure, m’a-t-il dit clairement, la reconnaissance des taliban ne passera pas
par la France, et nous ferons tout pour qu’elle ne passe pas par l’Europe. »
Toutes ces années de lutte ont permis d’arrêter le mouvement taliban, et de mobiliser
l’opinion internationale en faveur des femmes afghanes.
Durant cette période et depuis la création de NEGAR-Soutien aux femmes
d’Afghanistan en 1996, un millier de manifestations diverses ont eu lieu à l’initiative
de NEGAR ou auxquelles NEGAR a participé. Je me suis déplacée pour parler des
femmes afghanes dans la plupart des villes de France et d’Europe, au Parlement
européen, aux Etats Unis, et même auprès de la Banque mondiale…
21 comités locaux, plus de mille bénévoles, travaillaient pour l’association NEGAR.
Dans de nombreuses villes en France, mais aussi en Allemagne, en Belgique, aux
USA, en Suède etc…
Au bout du compte, la reconnaissance de l’état taliban a été bloquée et un large
soutien aux femmes afghanes a été mis en place. Nous avons obtenu le soutien des
responsables politiques européens. Même, un jour, la grande duchesse du
Luxembourg m’a téléphoné personnellement.
En 2001, à la chute des taliban, une nouvelle étape s’ouvrait. Il s’agissait de
reconstruire l’Afghanistan avec tous les soutiens venus du monde entier. Ces
soutiens, mobilisés en priorité en faveur des droits des femmes afghanes, ont
grandement participé à la reconstruction de l’Afghanistan : c’est bien grâce à cette
mobilisation que les aides internationales lui ont été accordées.
Depuis 2001, les femmes afghanes ont repris leur travail, elles se sont fait une place
légitime à l’Assemblée nationale et au Sénat, les droits des femmes, enfin, ont été 4
reconnus. Aujourd’hui, plus de 3 millions de petites filles se rendent à l’école. Dans
toutes les universités, et dans toutes les branches du savoir, les filles poursuivent
leurs études.
En 2004, une nouvelle Constitution de l’Afghanistan a été votée ; dans son article 22,
est inscrite l’égalité de droits et de devoirs entre les femmes et les hommes
d’Afghanistan. Après le départ des taliban, alors que les populations de
l’Afghanistan, exaspérées contre les taliban et leurs pratiques à l’égard des femmes,
s’ouvraient avec la plus grande détermination aux droits des femmes, NEGAR a
largement participé à cette mobilisation dans le cadre de la préparation de la
Constitution, afin d’y faire inscrire les droits des femmes.
Que dit la Constitution sur le plan qui nous intéresse aujourd’hui ?
L’Islam est la religion de l’État qui a l’obligation de respecter les principes de l’Islam.
L’Afghanistan n’est donc pas un pays laïc ; il est cependant géré par une
Constitution. Celle-ci reconnaît en outre aux minorités le droit de pratiquer leur
religion. Elle reconnaît également les engagements internationaux dont l’Afghanistan
est signataire, tels les traités et chartes internationaux garantissant les droits de
l’homme, ceux des enfants, ceux des femmes. La liberté de la presse, la liberté
d’expression, la liberté politique, d’association et le droit de grève sont assurés par la
Constitution.
Quant à la laïcité, quel rôle peut-elle jouer en Afghanistan ?
Depuis 35 ans, les conflits idéologiques et religieux ont fait plus de 4 millions de
morts et 3 millions de blessés et handicapés, pour une population évaluée, il y a 20
ans, à 20 millions environ. Ces conflits ont en outre contraint la majorité de la
population à se déplacer, ou à émigrer.
Aujourd’hui l’Afghanistan est confronté à des problèmes multiples avec les
extrémistes de tous bords. Les bombes explosent tous les jours. Tous les jours, 10 à 20
personnes sont tuées par des explosions ou des attentats-suicides, et autant sont
blessées ou handicapées.
Sunnites, Chiites, Ismaélites, Wahhabites, groupes Taliban, réseaux tels Haqqani, –
tous divisés eux-mêmes en divers sous-groupes, à l’intérieur de l’Afghanistan et à
l’extérieur, principalement à la frontière pakistanaise -, sans compter la nouvelle
progression de DAESH…5
Chacun de ces groupes religieux veut prendre le pouvoir pour imposer son
interprétation de la religion, offrant un visage de l’Islam extrêmement menaçant,
dangereux et propice à l’insécurité. Si cela continue, on se dirige vers des
affrontements terribles !
Est-ce que, dans ce contexte, la laïcité peut-être un moyen pour l’Afghanistan de
dépasser ses difficultés actuelles ? Pourrait-elle sauver ce pays ?
Les afghans dans leur majorité sont très réservés, voire hostiles, sur la laïcité.
Les milieux populaires n’en ont jamais entendu parler, et ne s’en soucient pas.
Dans les milieux politisés, il y a une grande hostilité quant à la définition de « laïc »
et de « laïcité ». Tout d’abord, le mot n’a pas d’équivalent en persan. La laïcité, dans
la culture collective, équivaut à une idéologie « anti-croyant », « anti-religion »,
« anti-Islam » et le laïc est considéré comme celui qui s’oppose à la religion.
On voit combien la notion elle-même est mal comprise et mal interprétée, du fait
d’une mauvaise traduction, qu’elle soit volontaire ou involontaire.
Il y a donc un important travail à faire pour expliquer avec clarté et lucidité ce qu’est
la laïcité, qui, à mes yeux, est le respect de chacun, de chaque religion, de chaque
groupe. La laïcité qui crée un espace où l’on peut s’expliquer par la parole, par
l’échange et par la tolérance et non par la violence.
Peut-on créer cet espace où les problèmes et les conflits se règleraient par la raison et
la logique, dans le calme et le respect ?
A côté des groupes que j’ai cités, existent heureusement d’autres groupes mieux
informés, composés de gens plus jeunes en capacité de s’exprimer et d’expliquer, qui
ont accès aux moyens d’information modernes, aux réseaux sociaux, et qui
comprennent le bien-fondé de la laïcité. Ils essayent d’approcher du sens de la laïcité,
d’en donner une définition juste.
Ils voient en elle un moyen de régler les conflits, de mettre en œuvre un processus
paisible pour respecter les croyances religieuses et philosophiques de chacun, pour
vivre en paix en Afghanistan et avec le monde entier.
C’est ce chemin vers la laïcité que j’appelle de mes vœux, pour sortir enfin des
difficultés de tous ordres, politiques, sociales, économiques, et pour faire de
l’Afghanistan le pays paisible et prospère de demain.

 

 


 

Flamme afghane,  PORTRAIT Par Pascale NIVELLE

 

Elle a un sifflet autour du cou, en acier brillant au bout d’un cordon noir. Le sifflet des profs de gym, ces gens souvent sans histoire. Shoukria Haidar en a l’aspect éternel. Les baskets hors mode, le sac de sport à l’épaule trahissent une longue habitude, comme la voix, faite pour résonner sous un préau.

 

Sinon qu’elle fume beaucoup pour un maître auxiliaire de collège, le sien est à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, et que son portable ne cesse de ronronner. Elle dit pardon, en roucoulant le r, et répond parfois en persan, langue lointaine. «Tous les Afghans ont une histoire», dit- elle. Elle ne racontera pas celle de la prof de gym célibataire de 43 ans qui vit à La Courneuve. Un geste du pouce et de l’index signifie qu’il faut gagner sa vie, c’est tout. Et que cette vie-là n’en est pas une.

 

Elle a raté le jour de la rentrée. Pas de mot d’excuse, son autre vie, présidente de l’association Negar, la retenait. Bloquée parmi les réfugiés à la frontière pakistanaise, quand des communiqués balançaient entre la vie et la mort du commandant Massoud. Shoukria n’a jamais vu Massoud là-bas, mais a parlé à ses assassins kamikazes, vingt heures avant l’explosion de leur Betacam. «J’étais dans le même hélicoptère, en transit vers les camps, eux avaient rendez-vous avec Massoud. Ils ont failli ne jamais arriver, tout le monde les trouvait bizarres, les douaniers, les officiels. Ils se disaient arabes, puis marocains, journalistes, membres d’une association culturelle musulmane basée à Londres. Ils avaient des passeports belges et des visas pakistanais, de gros pantalons de velours en plein été. J’ai été très intriguée, je leur ai posé des questions. Mais ils n’exprimaient rien, ils étaient fades.» Le surlendemain avait lieu l’attentat. Comme tous ceux qui avaient trouvé les journalistes «bizarres», elle

regrette. «Mais qu’est-ce que je pouvais faire?».

 

Vingt et un ans qu’elle se pose cette question. En 1980, ses parents ont répondu pour elle: «Pars.» Les Soviétiques dans Kaboul, la répression était en marche. Shoukria venait de se faire «virer» de son job au Comité olympique, épuré «comme partout». Son frère avait déjà été emprisonné plusieurs fois, pour avoir manifesté avec des opposants. Son cousin, arrêté le matin de son mariage, avait disparu.

 

«Tout autour de moi, cela se vidait. J’avais 22 ans, je ne comprenais pas tout, sauf que cela sentait mauvais et je n’étais pas du genre à me taire. Mes parents ont pris peur.» Elle part pour Peshawar avec un visa de trois mois, «le temps que ça s’arrange». Puis à Paris, invitée par une amie, «en attendant que cela se calme». De visas en permis de séjour, d’espoirs en déceptions, vingt ans ont passé, elle y est encore avec un seul désir: revivre à Kaboul. Malgré la famille anéantie, les six frères et soeurs dispersés dans le monde, la soeur morte en accouchant à Kaboul, ses souvenirs d’enfance saccagés. «Il n’y avait aucune distinction entre garçons et filles, nous sortions au théâtre, au cinéma, nous allions au lycée en jean serré. L’uniforme comprenait un foulard, nous le portions autour du cou, Le père, commerçant, enseignait un Coran de tolérance à ses enfants, et organisait de longues lectures de poésie et de musique en famille. Personne ne s’étonnait des hippies par milliers l’été. Les filles «en culotte et soutif» attiraient des regards intrigués, moins hostiles que pour le tchadri: «A l’université, il y en avait quelques-uns. On trouvait que c’était la honte, inimaginable, on plaignait les pauvres filles là-dessous, victimes de la tradition.» Shoukria s’intéressait au monde, lisait des livres en persan venus d’Iran où ne régnaient pas encore les ayatollahs. «A 11 ans, j’ai acheté un livre avec

 

mon argent de poche, Au Viêt-nam, il ne pleuvra pas toujours, l’histoire d’un garçon et d’une fille qui combattent pour la liberté contre l’Amérique. A la fin de la guerre du Viêt-nam, on était tout un groupe de lycéens, qui sillonnait la ville en chantant. On ne se doutait pas que le prochain Viêt-nam serait l’Afghanistan.» Shoukria se voyait ingénieur, brillait au basket, au ping-pong et au karaté dans les compétitions nationales, et n’aurait jamais pensé quitter son pays.

 

A Paris, elle ne prend pas la peine d’apprendre le français. Mais tente de comprendre «le travailleur», dont parlaient ses lectures de jeunesse, dans les milieux gauchistes kaboulis. Comme les jeunes maos français qui «s’établissaient» dans les années 70, elle passe un an à la chaîne dans une usine de pâtisserie. Et comprend vite qu’elle ne pourra pas comprendre: «Quand on sait qu’on peut claquer la porte, on ne peut pas rentrer dans la peau d’un ouvrier.» Ce sera l’université de Nice, un Capes de sport, et les premiers collèges de la banlieue parisienne. Vie d’exil, les jambes sur les stades et la tête .

 

Elle revient en Afghanistan l’été 1995, vingt jours, le temps de voir les ruines, la misère et les milliers d’amputés de la guerre. Et aussi que tout n’est pas perdu, malgré la «guerre des seigneurs» après la chute du régime prosoviétique: les écoles et les hôpitaux fonctionnent, les jeunes s’amusent, les femmes travaillent. A la rentrée, elle décide de monter un projet d’aide au sport féminin. Un mois après, les talibans prennent Kaboul. «Le ciel m’est tombé sur la tête, raconte-t-elle. Je savais que les talibans, c’était comme les nazis à Paris. La terreur, l’interdiction de chanter, la mosquée à coups de bâton, l’interdiction aux femmes de regarder la lumière, aux enfants de jouer. C’est une force de frappe qui ne relève ni de la folie, ni des traditions.

Par des décrets officiels, ils ont éradiqué tous les droits et libertés élémentaires.» Shoukria Haidar fonde Negar (un prénom féminin qui signifie amour) pour venir en aide aux femmes afghanes, créer des écoles clandestines, des centres de soins, lancer des campagnes de presse. Elle y parvient. En 2000, quand Elle, après bien d’autres, affiche une femme en tchadri à sa Une, son premier combat médiatique est remporté. En juin, 300 femmes afghanes rencontrent 45 Occidentales à Douchanbé (Tadjikistan), pour adopter une Déclaration des droits fondamentaux de la femme afghane, approuvée par Massoud. Negar, 600 adhérents, essaime des comités, intervient à l’ONU ou auprès du quai d’Orsay quand celui-ci reçoit officiellement «le ministre taliban de la Santé». «J’y passe ma vie», dit Shoukria, son téléphone portable et sa voiture Trente ans après le Viêt-nam, elle est favorable aux interventions américaines, mais reste vigilante, vite virulente sur les grandes manoeuvres politiques et diplomatiques: «Il faut que le Pakistan arrête de manoeuvrer. Et ces « talibans modérés », on se fout du monde, cela n’existe pas. Tant qu’il y aura un taliban au pouvoir, les femmes souffriront.» Au dernier coup de sifflet contre les talibans, Shoukria 1957: Naissance à Maïdan, près de Kaboul.

 

1978: Elle travaille au Comité olympique. Coup d’Etat prosoviétique.

 

1989: Retrait de l’Armée rouge, dix ans après l’invasion.

 

1996: Prise de Kaboul par les talibans.

 

1998: Elle obtient la nationalité française.

 

Juin 2000: Conférence de Douchanbe.