La rue pour la paix et contre les tchadri

La rue pour la paix et contre les tchadri

A Paris, plus de 3 000 personnes en soutien aux Afghanes.

par Charlotte Rotman et SERVICE ETRANGER

publié le 1er octobre 2001 à 1h08

Deux silhouettes immobiles sous leurs tchadri bleus. Deux femmes voilées, muettes, sans visage, plantées sur les boulevards parisiens ouvraient samedi le cortège de la manifestation de soutien aux Afghanes, initiée par l’association Negar et prévue avant le 11 septembre. Près de 6 000 personnes selon les organisateurs, 2 000 à 3 000 selon la police, ont répondu à l’appel. «Nous ferons tout pour que les femmes afghanes puissent montrer leur visage», affirme Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France. Comme lui, Edith Cresson, Noël Mamère, Alain Lipietz ou Brice Lalonde ont fait le déplacement.

Anti-mondialisation. «Grillagée, humiliée, asphyxiée, sous le tchadri, une femme survit», scande une voix. «En Afghanistan, 100% des femmes sont portées disparues», lit-on sur une pancarte. Les collectifs de femmes défilent, suivis des organisations politiques, dont les slogans rejoignent l’actualité internationale. L’association antimondialisation Attac, ne veut, par exemple, «ni bombardements, ni taliban». A la fin de la manifestation, Shoukria Haidar, présidente de Negar, et réfugiée en France depuis 1980, s’adresse à la foule. «Merci d’être venus. Je salue mes soeurs d’Afghanistan qui vivent sous le diktat des taliban et des milices soutenues par le Pakistan.. Il faut qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules.»

Dans le monde, se sont déroulées des manifestations pour soutenir les femmes afghanes et «contre la guerre». A Rome, plusieurs dizaines de milliers de manifestants (100 000 selon les organisateurs), ont participé samedi à un cortège «pour la paix et contre la guerre». A Barcelone, 5 000 personnes ont défilé contre une éventuelle riposte américaine. A Amsterdam, 5 000 manifestants se sont rassemblés hier pour dénoncer d’éventuelles représailles. A Genève, 2 500 personnes ont manifesté hier du centre ville au siège européen de l’ONU avec des banderoles disant «Non à la guerre» et «Arrêtez la terreur globale, combattez pour la justice». En Grande-Bretagne, des défilés antimondialisation et antiguerre ont rassemblé 2 000 à 4000 personnes à Brighton. Aux Etats-Unis, les manifestations prévues samedi contre la Banque mondiale et le FMI, ont été remplacées par des défilés pacifistes qui ont rassemblé entre 2 000 et 5 000 personnes à Washington et 10 000 à Los Angeles.